Que la non contradiction soit l’étoffe même du réel et la condition de véridicité de nos jugements, tel semble être le point d’Archimède de la métaphysique classique depuis Aristote. Il faut dégager des concepts de base possédant une signification particulière et détenant une fonction précise dans le texte. Reste à poursuivre la réfutation et à en évaluer la teneur de vérité. Une telle demande, faite avec la précision requise, suppose qu’Aristote distingue clairement entre l’ordre du discours et le niveau du jugement. Après avoir soutenu qu’il suffit que le contradicteur dise quelque chose pour établir la véridicité du principe de manière réfutative, tout le propos d’Aristote consistera à démarquer avec soin la démonstration par réfutation de la démonstration scientifique afin de ne pas tomber à son tour dans le piège de la pétition de principe. Comme De l’interprétation (I, 16) le souligne, « les sons émis par la voix sont les symboles des états de l’âme et les mots écrits [sont] les symboles des mots émis par la voix ». » Aristote, La Métaphysique, Ive s. av. Dans l’hypothèse où le contradicteur refuserait d’engager l’entretien et se réfugierait dans le mutisme, « s’il ne dit rien », à la manière d’Antisthène par exemple pour qui le logos coïncide avec l’être même, que faire ? Toute proposition vraie n’est pas démontrable, certaines sont vraies et immédiates sans démonstration, c’est le cas du premier principe. Metaphysique d Aristote. Comme E. Sapir l’a mis en évidence, écouter parler suppose que l’on soit sourd à la diversité des bruits pour ne retenir de la réalité des sons que leur structure fonctionnelle extrêmement réduite (une vingtaine de phonèmes). Dès qu’il est acquis, nous sommes engagés dans une circulation sociale et objective des mots ainsi que dans toutes les surprises ou disputes qui tiennent à leur arbitraire, non seulement aux imperfections qui en découlent, mais aussi aux abus dont les hommes se rendent coupables. L’existence de tels négateurs du principe de non-contradiction témoigne de ce que la vérité et la nécessité de l’axiome ne s’imposent pas à tous. Il lui suffit de manifester une intention signifiante et non une intention de vérité consistant à réclamer qu’on dise que quelque chose est ou n’est, est ainsi plutôt qu’autrement. Elle se montre ainsi d’une efficacité redoutable. Indémontrable, saisi de manière intellectuelle, il est ce sur quoi repose en dernière instance toute la science démonstrative si bien que l’édifice trouve en cet axiome sa véritable assise. La Métaphysique constitue un des sommets de la philosophie de De plus, celui qui concède cela a concédé qu’il y a quelque chose de vrai sans démonstration : par conséquent, il n’est pas vrai que tout serait ainsi et non ainsi. Aussi va-t-il revenir sur sa stratégie argumentative afin d’écarter toute accusation de ce genre. Contrairement à l’opinion de Cratyle, les mots ne sont donc pas un produit direct des choses. Nous reproduisons l'Introduction du traducteur, mais non pas la Bibliographie, devenue trop incomplète avec le passage des années. Aristote affirme dans ce premier livre de la Métaphysique que chaque homme a un désir naturel de connaître, et le plaisir pris aux perceptions des sens en est une preuve. Nevertheless, Pradeau also takes into account Oliver Primavesi’s 2012 edition of book Alpha, which favours the alpha family of manuscripts. Attention cependant à ne pas "saussissonner" le texte. Tel est le problème que résout Aristote dans ce texte extrait de son ouvrage intitulé Métaphysique. Cependant, en se polarisant sur la recherche de ses effets persuasifs, ils ont manqué sa dimension signifiante alors qu’elle est décisive pour leur pratique même. Le procédé n’est pas inédit. Aristote ne demande pas à son interlocuteur de se prononcer sur ce qu’est tel ou tel étant en sorte que la proposition soit susceptible d’être reconnue vraie ou fausse. La Métaphysique constitue un des sommets de la philosophie de lAntiquité et eut une influence fondamentale sur toute la métaphysique et la philosophie postérieures. C’est pourtant ce que croyait Antisthène, pour qui l’être adhérait tant à la parole que, selon lui, « il n’est pas possible de contredire » (Métaphysique, Delta, 29,1024 b33). En effet, l’interlocuteur n’est pas censé accorder autre chose que la visée de signifier quelque chose à quelqu’un, il ne lui est demandé rien d’autre que de communiquer un sens. Leurs conceptions et leurs pratiques du logos lui reconnaissent la puissance inégalée de tout faire paraître à la fois comme même et autre. Il manifesterait qu’il serait « semblable à une plante » autrement dit qu’il ne serait même pas un animal doué d’une voix permettant de signifier la douleur et le plaisir à lui-même et à ses congénères. La question de la matière occupe une place généralement sous-estimée dans la Métaphysique d’Aristote. Or, dire quelque chose, ce n’est pas simplement émettre des sons au moyen de la voix. Dans son usage de la parole, il répond de la non contradiction. Le Philosophe souhaite avant tout éviter le reproche de pétition de principe. Même si cet interlocuteur ne manifeste pas l’intention de chercher et de dire la vérité comme telle, il ne peut se dérober dès lors qu’il accepte la condition même de tout discours : non pas former des propositions susceptibles d’être vraies ou fausses, mais énoncer un son vocal doué de signification. �R�^w��. Nous ne saurons qu’indirectement, dans l’usage même de la communication, si ce consentement tacite est fondé. C’est pourquoi l’adresse du texte concerne bien moins Héraclite ou Empédocle que les sophistes Gorgias ou Protagoras. S’il le convoque et le contraint à comparaître, c’est donc en acceptant de s’installer sur son propre terrain, à savoir celui du discours dialectique et de la réfutation, et non pas celui de la science ou d’une dialectique en quête des étants véritables. Explication de texte: À une passante « Nous appelons Dieu un vivant éternel parfait; la vie et la durée continue et éternelle appartiennent donc à Dieu, car c'est cela même qui est Dieu. La stratégie à déployer est bien indissociable de la figure du contradicteur : face à un défenseur sophistique de la contradiction, seule une méthode réfutative (procédé mis au point par les sophistes eux-mêmes et auquel notre auteur a consacré tout un traité) est appropriée en ce qu’elle lui laisse le champ libre pour autant qu’il consente à dire quelque chose. Ce dernier, si particulier parmi les penseurs, pourrait se régaler d’une telle mise en scène, d’une telle dramaturgie de l’incohérence, puisqu’il estime être précisément capable de faire paraître les choses tantôt ainsi tantôt autrement. Tandis que dans le Théétète1 le propre de l'activité du philosophe est de s'étonner, et c'est là son principe et son origine, et que dans le Critias2, Platon écrit que l… Non qu’une dialectique doive apprendre à utiliser le discours et à le rectifier, à penser en lui et contre lui (en partant du principe qu’il n’y a pas d’impuissance de la pensée à le transfigurer), mais que le discours lui-même, en sa dimension de signification, est déjà étayé par le Principe. Dire quelque chose, c’est toujours rendre partageable ce qui est senti ou pensé dans le cadre d’une parole adressée. L’expérience n’est pas encore la science, mais science et art viennent de l’expérience. Comment ne pas obtenir d’un sophiste qu’il dise au moins quelque chose, lui qui se prétend expert dans le maniement du dire ? La bonne pratique du discours concerne alors le rapport entre deux « assertions » liées entre elles, à savoir celle que l’on veut transmettre et celle sur laquelle s’appuie la première : il ne faut pas que l’argument à transmettre s’appuie sur un autre qui le nie. QUEL? en bronze de Lysippe). Il lui demande simplement de proférer un discours doté de signification. Aristote met en relief avec cette définition l’universalité de la métaphysique, dans le sens qu’elle s’occupe non pas d’un secteur de la réalité mais de la réalité dans sa totalité. Par conséquent, il s’agit d’étudier ce que « être » … L’originalité est ici qu’il concerne le langage comme tel, abstraction faites de ses dimensions judicatives et ontologiques. Comment procéder quand le contradicteur dénie à la parole le pouvoir de dire l’essence comme telle ? A associer (mais à distinguer quand même !) Comment cette forme dialectique, dans le cadre d’un débat contradictoire mais surtout contradictoirement fictif (puisqu’il s’agit de prouver le principe le plus vrai et nécessaire) pourrait-elle parvenir à démontrer le principe le plus ferme de tous ? La prémisse dialectique porte sur l’intention de signifier quelque chose et non pas sur la prétention de saisir les choses dans leur unité ou de les ressaisir dans leur diversité. Le contradicteur se voit ainsi contraint de concéder que la non contradiction est le caractère même de la vérité et qu’elle est en même temps l’étoffe de la réalité. D’après Werner Jaeger, Aristote aura été le premier à « rompre le lien entre le mot et la chose, entre le logos et l’on, étant ». La métaphysique d'Aristote Le philosophe n'a pas écrit la "Métaphysique", une compilation tardive. En conséquence, il est essentiel de connaître les thèses admises par l’interlocuteur afin de bien mettre en évidence le fait que nous ne nous servons pas d’une thèse contraire à ses convictions comme point d’appui de notre réfutation. Il ne se situe pas sur le terrain d’une logique de l’être qui donnerait à sa parole tout le poids de nécessité dont elle est capable. Par ailleurs, la démonstration ne sera pas entachée de la fragilité de tout recours à l’évidence, quelle soit empirique ou noétique. S’il ne parle pas ainsi que nous, s’il ne manifeste pas que ce qui agit en lui à titre de principe et de cause immanente relève bien du logos, il redescend de deux degrés dans la hiérarchie des âmes, devenant âme végétative, incapable même d’une voix. de 1953) de J. Tricot (1893-1963) Éditions Les Échos du Maquis (ePub, PDF), v. : 1,0, janvier 2014. La finesse de cette défense réside précisément dans le caractère « minimaliste » de la prémisse dialectique et la richesse des conclusions qui en sont tirées. Accepter le terrain de l’adversaire, c’est ainsi tirer avantage d’une pratique argumentative immanente au discours. En effet, « il ne faut pas croire que ce qui se passe dans les noms se passe aussi dans les choses » : ce n’est pas parce que nous nous servons des noms à la place des choses qu’il y a une ressemblance complète entre les noms et les choses. Généralement, une démonstration consiste à déduire une propriété à partir de la définition d’une essence. C'est pourtant dans ce livre qu'est développée sa science de l'être et du divin. 1) Une première lecture fait apparaître que : – les 2 notions importantes du texte sont l’art et l’expérience. Se déplaçant sur le terrain de son contradicteur, à savoir celui du discours, il le force à comparaître et ceci, moins pour rivaliser avec lui en déployant une batterie d’arguments censée le prendre au piège de ses contradictions, que pour lui demander de « dire au moins quelque chose ». Celle-ci consiste en effet à poser comme prémisse la thèse qu’il s’agit de démontrer, ou une proposition équivalente de sorte qu’elle puisse lui être assimilée. PhiloSophie - Copyright 2014 Mentions légales - Académie de Grenoble, Ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou. “Le visage de la Métaphysique, et plus particulièrement de son livre Alpha, n’en sera pas changé au point que l’on doive redécouvrir ces textes d’Aristote” (p. 82). La force de la réfutation déployée dans cet extrait est de faire éclater l’évidence du principe à partir de son négateur. D’autre part, loin d’être un accident du langage, l’équivocité apparaît comme son vice essentiel : « il est inévitable que plusieurs choses soient signifiées par un seul et même nom ». Aristote, disciple de Platon, développe dans cet extrait de Métaphysiques que la philosophie, fille de l'étonnement , permet la reconnaissance de l'ignorance. A l’inverse du jugement, qui porte la charge du vrai ou du faux (conjonction disjonctive) (408c), le logos, selon la formule du Cratyle, « chose double », est tout autant aléthés que pseudés (en sorte que posséder la vérité, c’est aussi être capable de tromper). Or celle-ci, si elle veut se faire entendre « pour un autre » ne peut relever de l’arbitraire individuel. C’est ainsi moins à son ontologie et à sa logique qu’à sa théorie du langage que recourt ici Aristote pour confondre son contradicteur. L’Ethique à Nicomaque d’Aristote est le livre le plus influent de la philosophie morale, qui est une suite de La Politique tant la morale est politique chez Aristote.Ce livre ne se résume, ni ne se commente facilement car de Kant à John Rawls, tous les philosophes ont discuté avec Aristote sur la question de la vie bonne et celle du bonheur. La Métaphysique est un ensemble de 14 livres réunis non par Aristote lui-même, mais par le bibliothécaire Andronicos de Rhodes, après la mort de celui-ci. Dès lors, comment établir la véridicité de ce principe alors même que tout recours à la démonstration se présente comme impossible ? 11 novembre 201811 novembre 2018 phidalgoComments are off for this post. C’est pourquoi, loin de les écarter, Aristote fait fond sur des objections dont il ne minimise pas le danger puisqu’il ne cherche pas seulement à en enrayer la diffusion mais à en saper la possibilité. Comment peut-on prétendre « démontrer » le principe le plus ferme de tous simplement en réfléchissant sur les conditions d’une communication des hommes entre eux ? Ce dernier terme, qu’Aristote reprend aux mathématiques pour en étendre l’usage, désigne l’un des éléments du syllogisme, à savoir, non pas ce qui est démontré, ni ce sur quoi porte la démonstration, mais ce à partir de quoi procède une démonstration. De là, Aristote peut conclure que la philosophie n'a en vue « aucun intérêt étranger », ce qui fait d'elle la seule science vraiment « libre, car seule elle est sa propre fin ». La finalité de l'explication de texte philosophique est donc dépourvue d'ambiguïté : il s'agit de dégager et d'expliciter les concepts fondamentaux du texte, commandant son mouvement et son organisation. A l’instar de Protagoras, il pourrait chercher à démontrer que « l’âme n’est rien, excepté des perceptions » en sorte que, comme le rapporte Platon dans Théétète, « telles les choses me paraissent, telles elles sont pour moi ; telles elles te paraissent, telles elles sont pour toi ». De manière concise, Aristote répertorie tout ce son contradicteur est contraint de concéder dès lors qu’il a manifesté sa capacité de dire quelque chose à quelqu’un. Comment celui qui revendique l’appellation de sophiste pourrait-il le refuser ? Toutefois, au lieu d’une contemplation, il fait l’objet d’un savoir dialogique. Au contraire, Aristote prend très exactement la mesure du fait que la capacité de montrer le réel est tout autant celle de le voiler. Explication du texte: Aristote, Métaphysique, Livre gamma, 1006a [10-29]. Le discours en général n’est pas directement susceptible d’être vrai ou faux, seul celui qui divise et compose sous la forme de la proposition peut l’être (ainsi par exemple la prière est un discours, mais n’est pas une proposition). Mais la comparaison des textes de Platon et de ceux d’Aristote conduit à penser que seul Aristote a conceptualisé explicitement la contradiction. » Aristote, La Métaphysique, ive s. av. Aristote poétique explication de texte L'art est un thème récurrent dans la pensée philosophique. Que cela soit l’expression la plus directe d’une nécessité d’essence ou une proposition concernant des futurs contingents dès qu’il profère quelque chose il est dans la nécessité d’admettre qu’il a proféré quelque chose et non pas rien. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Les symboles de la langue ne renvoient à leur signification que par l’intermédiaire d’une relation arbitraire : le mot ne signifie que par le truchement des conventions de cette langue. La charge de la preuve est donc retournée contre le négateur du principe. Aristote (384-322 avant Jésus-Christ) a été l’élève de Platon pendant plus de vingt ans. Cependant, bien qu’il en use et en abuse, il doit admettre que lorsqu’il la dit innocente, il ne peut pas, pour se faire entendre, la dire en même temps et sous le même rapport coupable, laide et repoussante. Autrement dit, s’appuyant sur la dimension signifiante du discours et non pas sur sa dimension judicative ou sur sa portée ontologique, le Philosophe prend bien garde de ne pas ancrer le discours dans une prémisse logique ou ontologique étrangère ou contraire à son adversaire. Reste donc à faire paraître ce dernier comme condition de la communication, sans jamais l’invoquer a priori comme un jugement vrai ou même comme condition d’une proposition vraie. Une énonciation, si elle veut se faire entendre dans le cadre d’une parole adressée, doit se démarquer du simple arbitraire du signe pour relever d’un conventionnalisme social sur lequel les sophistes eux-mêmes essayaient de d’exercer leur influence. La pétition de principe dans lequel sombrerait « celui qui cherche à faire une démonstration » consisterait à rattacher son argumentation au principe de non-contradiction, qu’il croirait évidemment valable mais à laquelle le contradicteur ne donnerait pas son assentiment. Aristote cherche ici à savoir quel est l'origine de l'art poétique. L’essence de la proposition ne se trouve pas davantage dans l’énonciation isolée (un mot égaré comme bouc-cerf n’est ni vrai ni faux) que dans les seuls termes à composer. Pour que la sophistique soit possible, et elle est possible, il suffit d’admettre que le discours ait une dimension signifiante ; l’admettre c’est attester l’effectivité de la non contradiction. [Thèse] Il ... (qui est qualifiée de métaphysique [12]) nous permet d’accéder à ce qui est vrai, parfait, de toute éternité. C’est la raison pour laquelle, dans la pure immanence de la langue, les contraires sont complémentaires. La stratégie pertinente consiste à retourner contre son adversaire la seule arme qu’il connait et utilise : celle du discours. Si une telle configuration se présentait malgré tout, ce ne serait plus nécessaire de le prendre en considération car, n’ayant « d’argument sur rien », il se désavouerait lui-même, en son expertise comme en son métier et finalement en son être parlant. » (Eloge d’Hélène). S’il n’est possible d’étayer la preuve du premier principe ni sur une analyse des étants (l’ontologie), ni sur une analyse des jugements qui en rendent la vérité (la logique), il reste à s’inscrire sur le seul terrain susceptible de convenir à l’adversaire afin de l’amener à en concéder lui-même la vérité. S’il faut que l’argumentation s’appuie sur une demande ne faisant aucunement violence aux thèses admises par le contradicteur, il est impossible de lui demander de ne pas porter de jugements contradictoires. Pourquoi accepter cet apparent rabaissement du principe qui, au risque de perdre sa valeur d’axiome, deviendrait un simple réquisit du discours ? Sous la forme d’un entretien fictif dont l’empreinte socratique n’est pas à exclure, Aristote endosse le rôle du locuteur/défenseur face à un interlocuteur/contradicteur qui soutient lui que « le même est et n’est pas ». G. F, 2008. Lorsqu’il s’agit d’établir la véridicité du principe de non-contradiction, deux stratégies semblent possibles. Ce qu'Aristote soutient en mobilisant à nouveau l'histoire : les arts qui possédaient une utilité avaient déjà été inventés « lorsqu'on commença à rechercher une discipline (du) genre (de la philosophie) ». C’est en fait par l’abstraction de multiples … La convocation de négateurs du principe de non contradiction est la toile de fond de ce texte. La valeur du mot dépend davantage de la signification que nous lui donnons que de son être : c’est une imposition de sens qui est une limite à la contradiction plutôt que le mot lui-même. En cherchant à détruire un argument (en l’occurrence celui de l’impossibilité de la contradiction), il atteste ce qu’il est censé vouloir détruire (à savoir le principe de non-contradiction). Avant de devenir le cinquième trope dit du diallèle dans la classification d’Agrippa (« Le mode du diallèle arrive quand ce qui sert à assurer la chose sur laquelle porte la recherche a besoin de cette chose pour emporter la conviction », Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes, LI, 15, [169]), elle est déjà pour Aristote l’un des écueils majeurs de toute démonstration. Selon Aristote, l'art, notamment l'art poétique, a une origine profondément naturelle, innée à l'homme. et n’appartienne pas à la fois à la même chose et sous le même rapport14 » dit Aristote dans la Métaphysique. Lui qui se targue, à la manière de Gorgias, de ne jamais être pris au dépourvu en matière de discours au point d’être capable de prendre le contre-pieds de la tradition : « et si le discours qui l’a persuadée en abusant de son âme, si cela est, il ne sera pas difficile de l’en défendre et de la laver de cette accusation. Le principe s’avèrera-t-il suffisamment établi par la simple réflexion sur la condition d’une communication des hommes entre eux ? Or, une telle distinction n’a de sens que si l’on affirme que le discours n’adhère pas immédiatement à l’être car la seule « adhérence » possible concerne le jugement. « C’est, en effet, l’étonnement qui poussa, comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. D’une part, aucun fait ne saurait imposer ici comme ailleurs sa vérité, Zénon n’a-t-il pas soutenu que le mouvement n’existait pas ? Il relève du genre dialectique en ce sens que l’argumentation est menée dans un cadre privé à partir d’une prémisse soumise à l’approbation de l’interlocuteur. Dans cet article, l'auteur s'interroge sur le sens du concept de «philosophie première» dans la Métaphysique d'Aristote. La différence entre l’énonciation d’une signification (bouc-cerf) et la formulation d’une proposition vraie (il n’est pas) nous apprend que le discours n’est pas une « imitation » ou même une « image » de l’être, mais seulement un « symbole » qui doit être défini comme un signe conventionnel et non pas comme l’être même. La métaphysique d'Aristote Par Annick Jaulin . Sur quelle pensée préalable une telle assurance peut-elle se fonder ? Le paradoxe de la situation consiste donc à charger une simple énonciation, saturée de conventions et pouvant être aussi bien vraie que fausse, de témoigner du principe « le plus ferme de tous, au sujet duquel se tromper est impossible » (Métaphysique, gamma 3,1005 b 11-12) et de lui délivrer la valeur d’axiome. Merci de votre aide Aristte,philosophe de l'antiquite,disciple de Platon a essayé de répondre aux questions suivantes; Quelle est la specificite de la philosophie? Toutefois, un cap est franchi dès que l’on affirme l’identité des contraires à la manière d’un Héraclite, l’identité de l’être et du non-être à la manière de Gorgias ou encore que l’on soutient avec Protagoras que les choses ne sont rien d’autre que leur apparition. Dans le cas présent, il s’agit d’amener l’adversaire à « dire quelque chose » si bien qu’il se trouvera chargé d’établir par réfutation la véridicité de ce que pourtant il nie ostensiblement. En outre, elle repose sur une prémisse qui, sans être nécessairement vraie, doit être soumise à l’approbation de l’interlocuteur, sans quoi l’entretien avec l’interlocuteur/contradicteur ne pourrait avoir lieu. Dans cet extrait du livre gamma de Métaphysique, il procède de manière dialectique selon une méthode réfutative. Explication de texte : Aristote, extrait de Métaphysiques La philosophie, qui signifie littéralement en grec ancien « l’amour de la sagesse » est une discipline se présentant comme une réflexion sur le monde et l’existence. Aristote s’accorde avec Platon pour dire que le premier principe est inconditionné. La ressemblance de la pensée et des étants concerne la proposition vraie et non pas l’énonciation qui est le fruit d’une convention passée entre les hommes. » (Premiers analytiques, II, 16). Au début, leur étonnement porta sur les difficultés qui se présentaient les premières à l’esprit ; puis, s’avançant ainsi peu à peu, ils étendirent, leur exploration à des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, … La convention est certes une activité du sujet qui donne son accord, son consentement. Souvenons-nous que la démarche doxographique et aporétique d’Aristote suppose que l’on prenne aux sérieux les opinions autorisées. La réfutation du négateur du principe de non-contradiction frappe par son économie de moyen. La charge de la preuve se trouve ainsi retournée : elle échoit au négateur du principe de non-contradiction car dès qu’il consent à « signifier quelque chose », il ne peut pas ne pas l’avoir signifié. Face aux sophistes l’on ne peut, au risque d’encourir l’accusation de pétition de principe, s’appuyer sur un jugement catégorique pour démontrer le principe qui le fonde. Tricot. D’autre part, il ne servirait à rien de recourir à l’évidence noétique face à un adversaire qui pourrait la récuser et objecter que la perception noétique de la véracité du principe se heurte à des jugements tout à fait autorisés comme ceux d’Héraclite (qui professait que la contradiction est la loi du monde) ou d’Empédocle (qui n’admettait pas de sujet commun aux quatre « racines » contraires du feu et de l’eau, de l’air et de la terre). Dès l’instant où il entre dans le jeu de la signification autrement dit où il entretient ce jeu et prétend même exceller dans ce registre, il atteste de ce que pourtant ostensiblement il récuse. Ici, pour confondre l’adversaire, il suffira de montrer que l’énonciation qu’il voudrait transmettre, à savoir l’identité des contraires, s’appuie sur une autre qui lui est contraire, à savoir la contradiction des contraires. Nietzsche, Vidéos des Rencontres Philosophiques d’Uriage 2018. 15. Classé dans: Agrégation, CAPES, Concours de philosophie. commentaire j'ai fait l'introduction, mais je ne sais pas comment continuer. La stratégie d’Aristote suggère qu’ayant affaire, en guise de contradicteur, à un expert dans le maniement de la contradiction, il lui faut composer avec cette expertise. Face au contradicteur qu’il convoque, Aristote ne cherche pas à enseigner, à la manière d’un maître, que le même ne peut pas être et ne pas être en même temps et sous le même rapport. La différence entre énoncer et affirmer est ici capitale car elle concerne à la fois l’adresse du texte (un sophiste) et la manière d’éviter l’écueil de la pétition de principe (ne pas s’appuyer sur une prémisse non admise par l’adversaire). Le travail consistant à « chercher un argument » pour contrecarrer l’argument adversaire va s’avérer fécond. « Si l’on ne posait pas de limites et qu’on prétendît qu’un même mot signifiât une infinité de choses, il est évident qu’il n’y aurait plus de langage » (Métaphysique, Gamma, 4). Rappelons que signifier ne consiste pas à renvoyer du mot à la chose (ce qui supposerait l’adhérence immédiate de l’être à la parole) car le rapport de signification (sumbolon) est un rapport médiat et non naturel exigeant une intervention de l’esprit sous la forme d’une imposition de sens. Il suffisait donc de trouver la configuration la plus propice pour faire éclater, auprès de son négateur même, la vérité du principe de non-contradiction.